Twittomanie lors d'un voyage à New York

En anglais: “Prepare for take off”. C’est sûrement ce que le pilote a dit ce matin. Prepare for take off.

Dans l’avion ce matin, une crise d’identité. Une vraie! Mais qui prend l’avion ce matin? La maman de...? L’employée de...? La soeur de...?

Qui? Une femme qui se prononce: “l’avion est petit et peu rassurant”. Qui? Une femme qui tient un crayon et un carnet, qui prépare un tweet.

Petit comme il est, cet avion se fracasserait. En tout cas, je nuage un tweet dans mon carnet, un tweet en devenir (à condition d'atterrir).

Le ciel est bleu, mais les nuages sont en bas, sous moi et à côté de moi. Au fait, qui suis-je encore, assise là, attachée sur mon siège?

Regardez-moi et vous ne verrez rien de désagréable. Écoutez-moi et vous n’entendrez, la plupart du temps, que des paroles sensées. Mais...

Il y a un truc dans le DSM (sorte de répertoire des maladies mentales) qui m’atteint.

J’aime voyager. Même s’il ne s’agit que d’un week-end à New York (et d’un ti-titavion), j’aime voyager. C’est l’occasion de me retrouver.

J’aime voyager. Même si le séjour est bref et l’avion tremblotant, j’aime ça. C’est l’occasion de songer à mes préarrangements funéraires.

À New York cet après-midi, une autre crise d’identité. Mais qui consulte le plan du métro? La maman de...? La soeur de...? L’adjointe de...?

Voyager, c’est me retrouver, ai-je dit. Eh bien, je me cherche. À New York, une petite valise roule derrière moi. Elle me suit, mais...


Le lendemain...

New York, Chelsea, galeries d’art contemporain... Une certaine crainte de s’attarder sur un objet ou sur un tas d’objets qu’il ne faut pas.

“Hey! It’s not public art, dear.” Je traduis: “C’est pas de l’art public, chère. C’est un déménagement!”

S’il faut que je sois à la fois timide, séduite et intriguée, tout est en place pour que je devienne théâtrale et un tantinet ridicule.

New York, un jour d’automne, un soleil bleu, un ciel chaud, une balade sur le High Line... Maintenant je sais pourquoi je fais des collages.

Si j’étais à votre place, j’envierais celle qui se cherche à New York, dans Chelsea, au coin de 9 Av et W13 St, chez Bill’s Bar & Burger.

Une fois pour toutes, l’emploi d’un genre dans mes tweets n’exclut aucun genre et n’a pour but que d’alléger le tweet.

Brooklyn Bridge à pied, un arrêt face à l’eau, côté océan. Une pensée pour ma solitude. Une pensée pour l’homme qui m’aime et que j’évite.


Le dernier jour...

Faut vivre au présent, dit-on. Eh bien... allez à Time Square un soir. À Time Square, impossible de rabâcher ou de planifier quoi que ce soit!

À New York, dans le métro, j’ai cherché des mots pour décrire les murs, les plafonds si bas, les usagers, les sons et les odeurs. En vain.

À New York, d’un pont, j’ai vu celui de Brooklyn, si fameux, et comme toile de fond, des gratte-ciel passés, futurs et bleutés.

J’ai pris le métro à New York et j’ai été à Coney Island à cause de Styron (Sophie’s Choice). Les personnages de fiction ont du pouvoir.

Je ne me reproche pas de détourner mon regard de l’océan. Puisque j’entends les vagues et reçois le vent en plein visage, je demeure fidèle.

À New York, des rues sans nom: Avenue A, Avenue B, Avenue C (...) Avenue U, Avenue V... N’importe quoi pour faciliter la communication.

Il y a un petit nuage dans le ciel. À mon avis, il n’en a plus pour longtemps. Tiens! Le temps d’écrire 83 caractères, il a déjà disparu!

De vieux restaurants russes à Brighton Beach (New York). J’attends mon plat et une bière dont les noms manquent de voyelles.

Un insecte dans ma salade. Je le mets de côté. S’il bouge, j’appelle la serveuse. Sinon, je continue de manger parce qu’il est vert.

“Ëtes-vous journaliste? - Non, twittératrice”, ai-je aussitôt répondu, sans refermer mon carnet. Ainsi l’histoire s’est terminée à temps.





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