Le twitteroman (projet inachevé)

(se lit de haut en bas contrairement à la forme twitter)



Titre: (à déterminer)


Avertissements

(le lecteur et les lectrices sont avertis...)

Ce sera une histoire vraie, sortie tout droit de mon imagination, un twitteroman en plusieurs gazouillis numérotés de 1 à (un grand nombre)

Non, ce twitteroman s'inspirera de ma vie. Il présentera 3 femmes: Gabrielle (G), Stazya (S) et Annie (A). Je suis une personne compliquée.  

Voici un 3e avertissement à propos du twitteroman. Le lecteur et la lectrice ne doivent pas tenir compte des 2 avertissements précédents.


Chapitre 1


1- Depuis son ouverture en septembre, le K voit sa clientèle augmenter de jour en jour. C’est pourtant un endroit bizarre... près du fleuve.

2- Le décor est sûrement apprécié. Il évoque les gros cargos, les vilains bateaux, les activités portuaires...Y a des plans et des sextants.

3- Au K, y a même des matelots! Les serveurs et les serveuses portent des maillots rayés bleu et blanc et sont coiffés d’un béret à pompon.

4- Au K, les plafonds sont très très hauts, et par d’immenses fenêtres à carreaux, on aperçoit le fleuve et son actuel trafic de plaisance.

5- Le K est divisé en trois. Dans la grande salle se trouvent la piste de danse, le DJ, des tas de tables carrées, des bancs et des chaises.

6- Dans l’autre salle, on s’étonne de voir un long comptoir d’acajou et cuivre, des tabourets rembourrés et un étalage infini de bouteilles.

7- La 3e salle au K est un salon. Il y a là quelques fauteuils confortables. C’est l’endroit idéal pour un rendez-vous, face aux toilettes.

8- La 3e salle au K est ma préférée. Là, souvent, je fixe une lourde porte d’acier sur laquelle on peut lire... 



9- Je suis au K et je peux lire les mots “sortie d’urgence seulement” et les relire à volonté. J’attends mon amie Maude depuis une heure.

10-Je ne m’ennuie pas. J’ai des idées, des pensées. J’écoute la musique et je bois à la paille une boisson pétillante, délicieuse, fruitée.

11-Je regarde l’étiquette. Cette bibine est délicieuse (je l’ai déjà dit). Je la pointerai encore du doigt, car son nom est imprononçable.

12-Je ne m’ennuie pas en attendant Maude. Je pense que je suis plus jolie qu’elle. Ce soir, je porte ma jupe préférée et une chemise bleue.

13-M’ennuyer? Non, non. Je pense à ma chevelure. Je l’ai sculptée avant de partir. Je lui ai donné du volume jusqu’aux pointes.

14-Soudain, j’entends un fort “clic” ou “cloc”. Ce bruit provient de la lourde porte d’acier dite “de secours”. Elle s’ouvre de l’extérieur.

15-Un homme entre. Je l’observe tandis que la fameuse porte d’acier se referme bruyamment derrière lui. “Cloc!” fait-elle incontestablement.

16-L’homme se déplace froidement. Il a la silhouette et les traits d’un danseur étoile dont le nom est, lui aussi, imprononçable.

17-Il cherche peut-être quelqu’un ou une bonne place où s’asseoir. Il jette un regard circulaire à l’intérieur de chacune des deux salles.

18-En fin de programme, il m’aperçoit et me sourit. Puis il franchit de nouveau la porte de secours, sans aucune hésitation ni gêne.

19-Et moi, je fixe les 3 mots dans ma mémoire, et avec eux leur couleur, de même que les déclics sonores, clic et cloc, de la fameuse porte.


Chapitre 2


20-Je m’appelle Jasmine. J’ai tout juste 18 ans. Je n’ai pas d’emploi cet été, mais je ne m’en plains pas. Pourquoi je m’en plaindrais?

21-Pourquoi travailler? Pour avoir des sous, je peux garder des enfants ou aller à la banque. Mon compte de banque se remplit tout seul.

22-Mon compte de banque n’est jamais à sec. Mon père et ma mère, à défaut d’être là (ils travaillent à la NASA), se montrent généreux.

23-Je vis avec ma soeur qui a 27 ans et une profession. Je suis souvent seule dans notre logis, mais là encore, je ne m’en plains pas.

24-Je suis souvent seule même quand je sors. Je ne suis pas sauvage, loin de là, mais disons que j’ai apprivoisé la solitude.

25-Je n’ai pas besoin des autres pour me divertir ni des commérages pour me donner des idées. J’aime lire, bien écrire, nager, m’acheter...

26-J’aime m’acheter des vêtements et me balader simplement. J’observe les gens. On dit que je suis snob. On dit aussi que je suis “bébé”.


27-Ce jeudi, je remets les pieds au K. Je ne m’attends à rien. C’est tout juste si je jette un oeil sur la sortie de secours en passant.

28-J’apporte Vendredi (Tournier). Je m'en vais lire et boire un truc génial. D’ailleurs c’est l’heure (15 h) où rien n’est ordinaire au K.

29-À 15 h, on a droit à de la musique molo et impopulaire, tel un solo de Robert Fripp au piano - je le reconnais tout de suite en entrant.

30-Les 3/4 des places sont vacantes et, derrière le bar, un seul matelot fait son job. Il astique ses verres et les range en grimaçant.

31-Le matelot a bonne mémoire. Du doigt il pointe une petite bouteille. C’est bien la boisson que j’adore et dont le nom est imprononçable.

32-Plus surprenant encore, je dépose mes fesses sur un tabouret au bar. D’habitude je paye, puis je m’éloigne et je m’installe à une table.

33-Le plus troublant, je devine qu’on me surveille. Je détiens des tas d’informations comme si j’avais des yeux derrière la tête.

34-Il est ici. Il est ici cet homme qui est entré et sorti par la porte de secours hier soir. Il se tient debout, au fond de la salle.

35-Je l’aime déjà. Il porte un t-shirt blanc qui n’affiche rien, absolument rien, aucun logo, aucun dessin, rien.


36-Je l’aurais aperçu, une fraction de seconde, en entrant dans la salle. Du point de vue des neurones, la vitesse de l’éclair c’est lent.

37-Je ne suis donc plus surprise, vraiment plus, et pas davantage quand, des 10 tabourets vacants, l’homme choisit celui juste à ma gauche.

38-Rien de surprenant non plus quand il m’adresse la parole. “Je m’appelle Pierre”, dit-il. Du coup, je me sens trop jeune (ou trop petite).

39-Il me trouble, mais quand, après avoir entendu mon nom, il me répond que les (mon nom) sont des filles brillantes, je le trouve idiot.

40-Il s’explique. Il connaît déjà une fille qui s’appelle Jasmine (mon nom). Pour changer de sujet, je lui pose une question ridicule.

41-Je lui demande s’il vient souvent ici (au K) et j’apprends qu’il vit juste à côté. Il a besoin d’espace. Chez lui c’est grand comme le K?

42-J’apprends qu’il est sculpteur et cela m’excite au plus haut degré. Suis impressionnée! J’peux pas me cacher! Je m’extasie: Sculpteur?!  

43-Je reprends mon souffle, puis je l’interroge intelligemment. J’apprends qu’il est l’auteur de “La Présence” au coin des rues X et Y.

44-La Présence?! (Je n’en reviens pas. Je suis encore excitée. Encore déstabilisée!) Je m’élance: “La présence, c’est toi?!!!”

45-Il me répond (oui) et aussitôt, je gesticule - tête, cou, bras - d’après les effets que l’oeuvre me procure quand je la vois.

46-Au coin des rues X et Y, l’oeuvre (La Présence) représente six enfants qui ont l’air de pousser sur l’édifice d’à côté, pour le déplacer.

47-Grimpés sur de gros blocs, ces enfants audacieux s’entêtent; ils poussent et poussent de toutes leurs forces sur le mur de stuc gris.

48-Le sculpteur me regarde affectueusement tandis que je me donne en spectacle.


49-Finalement, je lui dis TOUTE mon admiration pour son oeuvre (“La Présence”). Je baisse le ton et je m’exprime d’une voix méconnaissable.

50-Je lui suggère d’en fabriquer des toutes petites. En parlant, je tiens entre mes mains un objet imaginaire, une “Présence” modèle réduit.

51-Puisque l’oeuvre représente six enfants grandeur nature, c’est six objets distincts que j’imagine réduits. Et ils sont devenus utiles.

52-Je dis: “Avec leur air de pousser sur un bâtiment, si ces enfants étaient hauts comme trois pommes, ils serviraient de serre-livres”!

53-Les yeux du sculpteur s’ouvrent grand, s’arrondissent, puis projettent des flammes qui me font fondre sur mon tabouret, en rougissant.

54-Je n’entends pas tout ce qu'il me dit. D’après lui, quelque chose dans son atelier me fera plaisir. “Suis-moi!” me dit-il. Et je le suis.

55-Nous quittons le K par la sortie de secours. Évidemment (voir tweets 14, 15 et 19), la porte d’acier émet des forts “clic” et “cloc”.

56-Sur les pas du sculpteur, je me faufile dans la cour entre des caisses de bouteilles vides, puis je franchis une autre sortie de secours.

57-Je me retrouve dans une cage d’escalier mal éclairée où, je l’espère, les fissures sont des fissures, sans vie, sans tête et sans pattes.

58-Je ralentis (froussarde), mais le sculpteur monte les escaliers en vitesse. Sans se soucier de moi, il atteint le palier et sort sa clé.

59-Malgré mes frissons, je remarque une porte sculptée, colorée (orange et bleue) et sertie d’un panneau annonçant l’atelier de Pierre G.

60-Après la porte bicolore, Pierre et moi avançons ensemble au milieu d’outils et d’objets dont la forme et l’esprit se laissent pressentir.

61-Un chien fou se hâte sur nous! “Quel beau chien,” dis-je en le caressant. “Elle s’appelle Sissi. Mais allez... Viens!” m’ordonne Pierre.

62-Nous allons tout droit vers une ouverture illuminée, dont l’aspect, soit dit en passant, me fait penser à une double porte de garage.



Chapitre 3

63-Pierre me montre dix petites oeuvres (des reproductions de “La Présence”). Elles sèchent à la queue leu leu sur une sorte de gouttière.

64-Je suis fière et émue devant ces répliques, mais pas pour longtemps. Je ne tiens pas en place! L’atelier du sculpteur me fait vibrer.

65-L’atelier est immense et lumineux vu sa hauteur, le nombre infini de fenêtres et ce qui sert d’unique cloison: une toile transparente.

66-La cloison transparente délimite d’un côté l’espace de travail et, de l’autre, un coin pour dormir et manger. Le tout est un peu bizarre.

67-Chez lui, y a un ancre, un banjo, un ancien fauteuil de barbier, un véritable feu de circulation et un signe routier (passage à niveau).

68-Chez lui, la douche se trouve au beau milieu de tout et à la vue de tous. Au sol, autour du drain, est peinte en rouge une belle spirale!

69-Je mets les pieds sur la spirale peinte et je m’arrête exactement là, comme si je prenais une douche ou cherchais à perdre l’équilibre.

70-Le sculpteur m’a suivie du regard pendant que j’explorais son atelier. Lorsque, enfin, j’ai figé, il m’a dit: “tu ferais un beau modèle”.


Chapitre 4


71-“Tu ferais un beau modèle”, me dit-il simplement. Mais il est artiste et sculpteur et je ne pense pas que ces gens-là parlent simplement.

72-Je n’ai pas bien compris. Il répète: “Tu ferais un beau modèle”. J’attrape alors quelque chose... Des atomes sont crochus, je suppose.

73-Il me tourne le dos. Il s’éloigne pour s’occuper de ses affaires. Mais moi, amoureuse du projet, je parle encore. Je m’adresse aux anges.

74-Je suis si grisée, si électrisée, si emballée par ce qu’il vient de me dire, que je ne touche pas au sol. Je marche comme sur un nuage...

75-Il va de soi que je suis le plus beau des modèles vivants! Je flotte dans l’atelier du sculpteur! Je parle aux anges. Je suis amoureuse.

76-Je m’attends à ce qu’il soit penché sur un croquis. Mais non... Il arrose de cire quelques bébêtes reproductions d’une oeuvre dépassée.

77-Je demande à l’artiste pourquoi il a dit que je ferais un beau modèle. Dans sa réponse, le mot “âme” me trouble un peu et me fait jaunir.



Chapitre 5


Ce tweet (numéro 78) est identique au tweet numéro 77.

Ce tweet (numéro 79) me fait l’effet d’un voyage dans le temps. Je suis sur le point d’écrire un mot (“âme”) que je ne prononce jamais!

Ce tweet (80) traduit ma déception tandis que le sculpteur m’offre un objet qui n’est qu’une copie et qu’un détail (relire tweets 46 et 47).

Tweet 81! Suis en maudit... Le sculpteur m’invite à son prochain vernissage. M’invite-t-il à collaborer en tant que prochain modèle? Non!

82-Il décide de sortir son chien et je me demande (en boudant, en twittant) si ce n’est pas avec l’intention de me faire sortir, moi aussi.

83-Je suis bien obligée d’avancer. Sur le pas de la porte, le renommé sculpteur (Pierre) se retourne et me dévisage d’une drôle de manière.


(à suivre)

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